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Chourgnac d'Ans en Périgord
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15 septembre 2012

Sur les Traces des Rois Andins

(Sud-Ouest – Article du 26 Août 2012)

Le premier roi d'Araucanie, enterré en Périgord, a reçu hier les hommages de son successeur, le prince Philippe.

Sobriété, bras croisés et vestes médaillées. Une vingtaine de personnes s'étaient donné hier rendez-vous pour fêter sainte Rose de Lima, protectrice de l'Amérique latine. Vers 11 h 30, elles ont tenu à se recueillir sur la tombe d'Orélie-Antoine Ier, roi d'Araucanie et de Patagonie, enterré à Tourtoirac en 1878. Pour ceux qui ignoraient l'existence et la présence d'un tel monarque en Périgord, un retour historique s'impose.

De son vrai nom Antoine de Tounens, le futur souverain est d'abord un aventurier périgordin originaire de Chourgnac-d'Ans. Très attiré par l'Amérique du Sud, il débarque en 1858 au port de Coquimbo, dans l'actuel Chili. Profitant des contours encore flous des frontières de l'époque, il se fait élire roi par la tribu des Mapuches (aussi appelés « Araucans », qui occupe toute la partie sud du continent. Une zone équivalente à cinq fois la France. Chassé par les nouveaux États chiliens et argentins et délaissé par les autorités françaises, il conserve ce titre jusqu'en Dordogne, où il finit ses jours.     

Un roi sans royaume ?

« Il a tout de même pu régner sept années sur son territoire », précise le prince Philippe d'Araucanie (né Philippe Boiry), 86 ans, actuel titulaire de la couronne et présent à la cérémonie. Si lui aussi réside au lieu-dit la Chèze, à Chourgnac-d'Ans, son regard se porte également de l'autre côté de l'Atlantique. « Avec l'Auspice Stella [association gérée par la maison royale d'Araucanie et de Patagonie], nous soutenons les revendications d'indépendance des Mapuches face aux gouvernements chilien et argentin. »

Cette tribu indienne serait maltraitée sur son sol et chassée de son territoire. « Il y a trois semaines, des enfants ont été blessés par balle par des carabiniers chiliens, dans l'indifférence générale. » L'objectif du prince : jouer le rôle de médiateur pour mettre en avant les souffrances de la tribu. Mais, le territoire en question n'ayant pas d'existence formelle, on peut s'interroger sur la portée d'un tel titre. Le prince Philippe d'Araucanie - tel est le titre mentionné sur son passeport français - revendique sa légitimité. « Mon titre royal a été reconnu en 1971 par le gouvernement français. Et puis les Mapuches, eux, ne sont parfois même pas au courant des frontières tracées. J'ai tout de même été reçu par le roi d'Espagne et le roi des Belges. »

Forte de la relative notoriété du défunt monarque, Tourtoirac est devenue le lieu de pèlerinage de tous les monarchistes sud-américains et des spécialistes de la condition de la tribu. Alain, ancien directeur d'école en Dordogne et amoureux de l'Amérique du Sud, estime que, « même si le prince a peu de moyens, le simple fait de parler de leurs souffrances peut alerter les consciences ».

Succession

Un musée sur les rois d'Araucanie a même ouvert ses portes à la fin du mois de juin, avec des pièces de la collection du prince. Ponchos andins, timbres et drapeau bleu-blanc-vert (les couleurs de l'Araucanie-Patagonie) se mêlent aux panneaux explicatifs qui retracent la vie d'Antoine de Tounens. « C'est aussi une manière de montrer que c'était un aventurier à des gens qui pensent, bien souvent, que ça relève de la légende », explique Annie, qui s'occupe des entrées du musée. Une démarche qui apprend aussi au public que la lignée royale n'a rien de familial, les souverains se succédant par désignation. Pour la suite, le prince Philippe, cinquième héritier de la couronne, explique que « les dispositions sont déjà prises ». La lignée se poursuit.

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